par L'africain 
Le coût des cigarettes varie considérablement d’un pays à l’autre en Afrique, influencé par des facteurs comme les taxes, le niveau de vie et les réglementations locales. Pour les fumeurs, les voyageurs ou les curieux, connaître ces différences peut aider à mieux anticiper les dépenses ou à comprendre les dynamiques économiques du continent. Cet article explore les prix des cigarettes à travers plusieurs pays africains, en s’appuyant sur des données récentes, et met en lumière les raisons derrière ces variations.
Facteurs influençant le prix des cigarettes en Afrique
Les prix des cigarettes en Afrique ne sont pas uniformes. Plusieurs éléments expliquent ces écarts, allant des politiques fiscales aux stratégies des fabricants. Voici les principaux facteurs à considérer :
- Taxes et réglementations : Les gouvernements imposent des taxes sur le tabac pour réduire la consommation et financer des programmes de santé. Par exemple, le Sénégal a augmenté ses taxes de 20 % en 2018, ce qui a fait grimper les prix.
- Niveau de vie : Dans les pays à faible revenu, les cigarettes restent souvent bon marché pour rester accessibles, comme au Malawi où un paquet coûte environ 0,89 €.
- Marché noir : La contrebande, notamment en Afrique du Sud, maintient des prix bas pour des produits souvent plus nocifs.
- Importations : Les cigarettes importées, comme celles fabriquées en Suisse pour le Maroc, sont parfois plus coûteuses en raison des frais de transport et des taxes douanières.
Réglementations et santé publique
Les politiques antitabac jouent un rôle clé. Dans certains pays comme le Sénégal, les hausses de taxes visent à décourager la consommation, surtout chez les jeunes. En revanche, des réglementations plus laxistes, comme au Maroc, permettent des prix attractifs, avec un paquet de Marlboro à environ 3,80 € en 2023. Cette faiblesse des contrôles peut aussi entraîner la vente de cigarettes plus toxiques, comme celles exportées depuis la Suisse, selon une enquête de 2019.
Prix des cigarettes par pays en Afrique
Pour mieux comprendre les variations, voici un aperçu des prix moyens d’un paquet de 20 cigarettes Marlboro dans plusieurs pays africains, basé sur des données récentes :
| Pays | Prix moyen (€) | Plage de prix (€) |
|---|---|---|
| Malawi | 0,89 | 0,42 – 1,37 |
| Bénin | 0,91 | 0,76 – 3,05 |
| Guinée | 0,92 | 0,92 – 1,07 |
| Sénégal | 1,37 | 1,22 – 1,52 |
| Afrique du Sud | 2,71 | 2,34 – 3,38 |
| Maroc | 3,80 | 3,50 – 4,00 |
Ces chiffres, tirés de sources comme combien-coute.net et medias24.com, montrent que l’Afrique reste l’un des continents où les cigarettes sont les moins chères au monde, avec des prix souvent inférieurs à 2 € dans plusieurs pays. En comparaison, un paquet en France coûte environ 12,50 € en 2025.
Le cas du Malawi : le pays le moins cher
Le Malawi se distingue comme le pays où les cigarettes sont les plus abordables, avec un prix moyen de 0,89 € par paquet. Cette accessibilité s’explique par une faible taxation et une économie où le tabac est une culture majeure. Toutefois, ces prix bas encouragent une consommation élevée, avec des conséquences sanitaires préoccupantes, notamment chez les jeunes fumeurs.
Afrique du Sud : l’impact du marché noir
En Afrique du Sud, le prix moyen d’un paquet de Marlboro s’élève à 2,71 €, mais le marché noir fausse la donne. Pendant l’interdiction de la vente de tabac en 2020 due au Covid-19, 93 % des fumeurs ont continué à acheter des cigarettes illégales, souvent à des prix encore plus bas. Ce phénomène complique les efforts pour contrôler la consommation et expose les fumeurs à des produits de moindre qualité.
Comparaison avec d’autres régions du monde
Les prix en Afrique sont bien inférieurs à ceux d’autres continents. En Europe, par exemple, un paquet de Marlboro peut coûter jusqu’à 13,20 € en Irlande. En Asie, le Vietnam affiche des prix proches de certains pays africains, avec 1,04 € par paquet. En revanche, l’Océanie, notamment l’Australie, détient les prix les plus élevés, dépassant 20 €. Ces écarts reflètent des différences dans les politiques fiscales et les priorités de santé publique.
Pourquoi les prix restent bas en Afrique ?
Les faibles coûts en Afrique s’expliquent par plusieurs raisons. D’abord, les taxes sur le tabac sont souvent moins élevées qu’en Europe ou en Amérique du Nord. Ensuite, l’industrie du tabac cible les pays en développement comme des marchés en croissance, en maintenant des prix attractifs. Enfin, la contrebande et la faible régulation dans certains pays permettent la circulation de cigarettes à bas prix, souvent au détriment de la santé des consommateurs.
Conséquences des prix bas sur la santé publique
Des cigarettes bon marché encouragent une consommation accrue, particulièrement chez les jeunes. En Afrique subsaharienne, la consommation a augmenté de 52 % entre 1980 et 2016, avec 77 millions de fumeurs recensés. L’OMS prévoit une hausse de 40 % d’ici 2025 dans certains pays comme le Cameroun et le Congo-Brazzaville. Cette tendance aggrave les problèmes de santé publique, avec environ 300 000 décès annuels liés au tabac en Afrique subsaharienne.
Le rôle des cigarettes de contrebande
La contrebande, comme en Tunisie ou en Afrique du Sud, rend les cigarettes encore plus accessibles. Ces produits, souvent vendus à des prix dérisoires (1 à 3 dinars en Tunisie), contiennent des niveaux élevés de substances toxiques. Une enquête de 2019 a révélé que des cigarettes fabriquées en Suisse pour le marché africain, notamment au Maroc, contiennent plus de monoxyde de carbone que celles vendues en Europe.
Perspectives et solutions
Face à la hausse de la consommation, plusieurs pays africains envisagent des mesures plus strictes. Le Sénégal, par exemple, a vu sa société civile saluer l’augmentation des taxes en 2018, qui a réduit la consommation. D’autres solutions incluent des campagnes de sensibilisation, des images choc sur les paquets et des interdictions de publicité. Toutefois, l’application reste inégale, et les multinationales du tabac continuent de cibler l’Afrique comme un marché en expansion.
Vers une harmonisation régionale ?
Dans la CEDEAO, les taxes sur le tabac restent faibles, représentant seulement 30 % du prix des cigarettes, contre 70 % recommandés par l’OMS. Une harmonisation des politiques fiscales pourrait aider à réduire la consommation tout en limitant la contrebande. Des pays comme le Kenya et le Cameroun ont déjà lancé des campagnes antitabac, mais des efforts concertés sont nécessaires pour contrer l’influence des industriels.
En conclusion, les prix des cigarettes en Afrique, parmi les plus bas au monde, reflètent des dynamiques économiques et sanitaires complexes. Si ces coûts réduits facilitent l’accès au tabac, ils posent des défis majeurs pour la santé publique. Les gouvernements, en collaboration avec les organisations internationales, doivent trouver un équilibre entre régulation et accessibilité pour protéger les populations tout en respectant les réalités économiques locales.